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Bienvenue à bord. Images, histoires et bons plans de l'aviation aux Antilles

samedi 30 juillet 2011

08:03 | by jacques_B | Categories: , , | No comments

La responsabilité des pilotes est au coeur du dernier rapport sur le crash. Leurs dernières paroles avant l'accident.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a publié vendredi des éléments permettant de reconstituer le déroulement des dernières minutes du vol Rio-Paris. Ces faits sont établis à partir des conversations des pilotes tirées des boîtes noires de l'appareil abîmé en mer en juin 2009.

Peu après minuit, le vol est calme. L'équipage évoque la température élevée et constate que les conditions météorologiques n'ont pas posé de problème. Le commandant de bord propose à un des copilotes de prendre un peu de repos. Ce dernier répond qu'il n'a pas envie de dormir.

(L'heure est exprimée en "temps universel coordonné", référence internationale de mesure du temps.)


01H34 min et 38 secondes: L'équipage informe le centre de contrôle Atlantico à Recife au Brésil de sa position à 565 km de Natal (nord-est), au bord de l'océan Atlantique.

01H35 min et 8 secondes: Le contrôleur brésilien lui demande de maintenir son niveau de vol et d'évaluer son "estimée" (ndlr, distance) par rapport au point Tasil, marquant l'entrée dans l'espace aérien sénégalais.

Entre 01H35 min et 53 secondes et 01H 36 min et 14 secondes: Le contrôleur redemande par trois fois "l'estimée" Tasil sans réponse de l'équipage. C'est l'ultime contact entre l'équipage et les organismes de contrôle.

01H55 min et 57 secondes: Le commandant de bord réveille le second copilote et annonce: "il va prendre ma place".

Entre 01H59 min et 32 secondes et 02H01 min et 46 secondes: Avant de quitter le cockpit, le commandant de bord assiste au briefing entre les deux copilotes. L'un des deux dit notamment: "Le petit peu de turbulence que tu viens de voir (...) on devrait trouver le même devant (...) On est dans la couche malheureusement, on ne peut pas trop monter pour l'instant parce que la température diminue moins vite que prévu".

02H06 min et 4 secondes: L'un des deux copilotes avertit le personnel navigant: "dans deux minutes là, on devrait attaquer une zone où ça devrait bouger un peu plus que maintenant, il faudrait vous méfier". Il rajoute: "je te rappelle dès qu'on est sorti de là".

02H08 min et 7 secondes: L'un des deux copilotes propose: "Tu peux éventuellement prendre un peu à gauche". L'avion entame un léger virage. Le niveau de turbulences augmente légèrement.

02H10 min et 5 secondes: Le pilote automatique et l'auto-poussée se désengagent et l'un des deux copilotes annonce: "J'ai les commandes". L'avion part en roulis à droite. Le copilote exerce une action à gauche et cabre l'appareil. L'alarme de décrochage, signifiant une chute, se déclenche deux fois de suite.


02H10 min et 16 secondes: L'un des deux copilotes dit: "On a perdu les vitesses alors". L'avion prend une trajectoire ascendante.

A partir de 02H10 min et 50 secondes: l'un des deux copilotes tente plusieurs fois de rappeler le commandant de bord.

02H10 min et 51 secondes: L'alarme de décrochage se déclenche à nouveau. L'un des deux copilotes maintient son ordre à cabrer.

02H11 min et 42 secondes: Le commandant de bord rentre dans le poste de pilotage. Dans les secondes qui suivent, toutes les vitesses enregistrées deviennent invalides et l'alarme de décrochage s'arrête. L'avion oscille en roulis atteignant parfois 40 degrés.

02H12 min et 2 secondes: L'un des deux copilotes dit: "Je n'ai plus aucune indication", et l'autre: "On n'a aucune indication qui soit valable". Une quinzaine de secondes plus tard, celui aux commandes pique.

02H13 min et 32 secondes: L'un des deux copilotes dit: "On va arriver au niveau cent". Environ quinze secondes plus tard, des actions simultanées des deux pilotes sur les mini-manches sont enregistrées et l'un d'eux dit "vas-y tu as les commandes".

Les enregistrements s'arrêtent à 02H14 min et 28 secondes. A aucun moment l'équipage n'a émis un message de détresse.



La réponse d'Air France

L'équipage aux commandes du vol Rio-Paris d'Air France qui s'est écrasé en juin 2009, a été confronté à un "système extrêmement complexe" qui l'a plongé "dans la plus grande incompréhension", affirme Eric Schramm, patron des pilotes d'Air France. "L'équipage a fait face à un système extrêmement complexe qui a généré chez lui la plus grande incompréhension. Ils ont tout essayé, et ils n'ont pas réussi à sortir de cette situation". Selon lui, "Les procédures de vol ont été parfaitement appliquées [...] On sait maintenant de manière certaine que l'élément initial qui a causé l'accident, ce sont les sondes de Pitot".